19/03/2007
- 18h00
Christian Masson
(entretien : Charles Debaty)
photos de KMG lors de
l'enregistrement de l'émission "Bonnie & Clyde"
|
Entretien avec Wakas, un membre du groupe KMG (The
Krazy Mess Groovers) par Charles Debaty.
Jeudi 17 mars 2007, Place Fernand Cocq à Ixelles.
J’arrive juste à l’heure (disons avec 2
minutes de retard) pour ma rencontre avec Marc Radelet (attaché de presse des
KMG’s avec qui j’ai pris contact), Piotr alias Mr Scotch et Wakas alias
Sexyfire (chanteur du groupe). L’accueil est sympa. Pendant qu’une
journaliste termine l’interview précédante, j’échange quelques mots avec
Marc Radelet qui m’annonce que KMG’s se produirera au pied de l’Atomium le
24 mars dans un Méga Concert télévisé. Mr Scotch doit nous quitter ; il
a un train à prendre.
C : Vous êtes un musicien multi
instrumentaliste et vous avez des goûts très variés en matière de musique…
mais y a-t-il un univers musical que vous préférez ? |
W : Non, il n’y a pas de musique que je
préfère. Ce serait comme demander à des parents quel est votre enfant
préféré. Je suis amoureux de la musique depuis que je suis tout petit. Mon
premier souvenir musical doit remonter à l’époque où j’avais 5 ou 6 ans.
Je suis le cadet d’une famille et mon grand frère écoutait beaucoup de
musique… (…) Je devais avoir 13 ans et un ami de mon frère avait passé un
CD d’Ella Fitzgerald. J’ai entendu sa voix et ça été un coup de foudre.
Un peu plus tard, j’ai découvert Carlos Jobim, le père de la Bossa Nova. J’aime
beaucoup les musiques de films des années 70 comme celles de Lalo Schifrin
(Inspecteur Harry, Bullitt). Pour moi, la musique c’est quelque chose de
magique parce qu’elle a le pouvoir de nous rappeler des souvenirs. Quand on
écoute une chanson, on se l’approprie : elle nous rappelle des bons ou
des mauvais souvenirs. Je trouve ça magique ! (…) J’aime beaucoup
composer. J’ai fait un peu de musique de théâtre. C’est comme ça que j’ai
rencontré Piotr (Mr Scotch). A côté ça, je suis d’origine pakistanaise…
(…) Tout petit, j’ai été bercé par la musique pakistanaise que ma maman
écoutait dans sa cuisine. J’ai vraiment un panel assez large dans les
musiques que j’aime : la musique classique, le rap… Il faut simplement
que ça me parle. Certains vont trouver ça curieux mais j’ai été un grand
fan de Jacques Brel. Ça n’a rien à voir avec ce que je fais mais… c’était
un grand personnage qui se donnait sur scène… C’est peut-être lui qui m’a
donné l’envie de faire de la musique. (…) Et puis me voilà à l’Eurovision…
Tout ça est curieux. |
C :
Vous venez de parler de coup de foudre et aussi de souvenirs, de
nostalgie… Est-ce qu’on ne pourrait pas considérer qu’il s’agit
là de deux des principaux « ciments » des KMG’s ? |
W : Nostalgie, oui…
étant donné qu’on sent beaucoup l’influence de la musique du
passé, des années années 70… c’est vrai ! Pour faire du
nouveau, on est obligés d’avoir des bases. Là, ce sont nos
influences. On aime bien ce son là mais, on est en 2007 et il faut l’
adapter…
Pour le coup de foudre, c’est vrai qu’il est
difficile de faire ce métier sans coup de foudre. Là, pour l’Eurovision,
nous avons collaboré avec un compositeur. Ça c’est très bien passé. Il a
les mêmes influences que nous. Nous avons eu un coup de cœur.
On a travaillé, on a réarrangé le morceau. La
RTBF nous a demandé d’y mettre la « touch KMG’s ». J’ai un
peu réécrit les paroles. On est très heureux du résultat.
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C : Vous avez une formidable expérience de
la scène. Il suffit de jeter un œil sur votre site pour y voir le détail de
vos concerts. La scène, ce n’est pas chaque semaine ? |
W : La scène, si, c’est pratiquement
toutes les semaines. Nous avons chacun d’autres groupes… KMG’s est celui
qui est le plus important, celui qui nous prend le plus de temps et surtout
celui qui nous donne le plus d’amusement… En concert, on sent qu’il y a
une communion avec le public… même si les gens ne connaissent pas le groupe,
après quelques chansons, ils dansent, ils bougent… C’est encore un
merveilleux pouvoir de la musique : faire oublier les tracas des gens. Le
côté scène est très important pour moi. Sans le public, on n’est rien.
Surtout avec la période que nous connaissons, la perte de vitesse du CD… ça
justifie encore plus la présence sur scène… Un groupe qui ne joue pas sur
scène n’existe pas ! (…) On joue beaucoup dans toutes sortes de
lieux : des cafés, des grands concerts de festivals… et les gens sont
là. (…) |
C : Depuis l’annonce de votre
participation à l’Eurovision, est-ce qu’il y a eu des changements
importants dans le groupe ? |
W : Il y a plus d’attention de la part du
milieu professionnel. Les gens sont plus au courant de ce que nous faisons. Mais
musicalement parlant, nos concerts sont les mêmes. Notre groupe n’a pas été
formaté pour l’Eurovision. (…)
Quand la RTBF nous a demandé de représenter la
Belgique, au départ, j’étais un peu surpris. J’ai un peu réfléchi et je
me suis dit « Pourquoi pas ! »… C’est un beau défi…
|
C : Cette décision, vous avez eu un certain
laps de temps pour la mûrir ?
|
W : Quelques mois ! Cette année, c’était
une sélection interne… la RTBF nous a vus aux Francofolies…(…) Et puis au
mois de septembre, nous avons joué au Théâtre du Marni et là ils nous ont
fait la proposition… Nous étions surpris, comme je vous l’ai dit… et puis
après maintes réflexions, on a trouvé que ça pouvait être une belle
aventure… intéressante… Avec l’Eurovision, les gens sauront qu’on
existe… |
C : Quelles connaissances avez-vous de l’Eurovision ?
|
W : Je connaissais l’Eurovision bien sûr.
Mon premier souvenir, c’est… Sandra Kim ! Pour moi, c’est un
événement familial. Ce sont les parents avec les enfants. Et puis, les enfants
grandissent et , l’adolescence arrivant, on ne veut plus faire comme les
parents… On prend du recul par rapport à l’Eurovision… Moi, j’en ai un
bon souvenir ! Je sais qu’il y a des gens qui trouve ça
« ringard ». ce genre de réflexion, ça ne me parle pas ! D’autant
que, si je suis bien informé, depuis quelques années, tout y a beaucoup
évolué… les styles musicaux… (…) Ce sera de toute façon une belle
expérience ! |
C : Lorsque l’on taxe l’Eurovision d’événement
« ringard » ou « kitsch », ça ne vous gêne pas ? |
W : Ça m’importe peu… Je n’ai pas une
très grande culture de l’Eurovision mais je sais que , dans les années 70,
lorsque ABBA a remporté le concours, ils étaient hyper kitsch mais avec une
bonne composition… La composition m’intéresse beaucoup ainsi que les
arrangements… Pour ABBA, l’Eurovision n’a été qu’un tremplin… Je
pense qu’ils auraient réussi même sans l’Eurovision. Il y a quelques
groupes et interprètes qui ont fait l’Eurovision et l’étiquette du
concours ne leur a pas fait de tort… (…) Si on se met à écouter trop les
gens, on ne fait plus rien. |
C : En toute objectivité, toute modestie
mise à part, quelles sont les qualités de votre groupe pour plaire à un
public européen ? |
W : Notre priorité, c’est vraiment les
concerts. Ce que l’on propose sur scène est « carré »…
professionnel… (…) On fait du second degré. Je crois que c’est assez
clair pour une majorité des gens qui nous découvrent. Je sais qu’il y en a
certains qui ne comprennent pas ce « second degré ».
Notre atout ?! Le côté multiculturel du
groupe – même si comme je l’expliquais tout à l’heure… ça n’est pas
calculé – ça peut être un atout. Nous représentons la Belgique, Bruxelles
et l’Europe qui est pour moi « Terre d’accueil » !
|
C : Est-ce que ce que nous allons voir à
Helsinki ressemble à ce qui a été proposé sur le plateau de l’émission
« Bonnie & Clyde » ? |
W : En gros, ça va être ça ! Je
pense que la disposition des membres du groupe sera différente. (La
scénographie n’est pas encore tout à fait connue.) Les tenues, eh
bien ! (Il sourit) …ça sera une surprise ! (Ran Yaniv est le
styliste qui habillera The KMG’s à l’ESC) Les chorégraphies sont en
changement. (Guillermo Cortez Valiente est, lui, le chorégraphe pour
« Love Power ») (…) On a un coach pour les chorégraphies. Il y a
de toute façon déjà des répétitions pour nos concerts à nous et on
voudrait y inclure « Love Power »… Voir la réaction des gens
devant le live… C’est très important ! Evidemment, à l’Eurovision,
le groupe est limité à 6 et c’est du PBO (playback orchestre)… donc le
fait de les jouer en live sans avoir à se concentrer sur les instruments …ça
va être un atout pour bouger. (…) |
C : Avez-vous déjà écouté une chanson d’un
autre pays ? |
W : Malheureusement, moi, non ! Mais
des autres membres, oui ! Ah si… J’ai quand même entendu partiellement
le morceau d’Israël qui est en français, en hébreu et en anglais. C’est
une espèce de ska. C’est festif, c’est bien. L’Eurovision ça doit être
une fête avant tout. (…) |
C : L’Eurovision ça peut être un endroit
où l’on fait passer des messages ? |
W : Je me tiens au courant de l’actualité.
Ça m’intéresse. Mais, pour moi, la musique n’est pas un
« endroit » où j’ai envie d’en parler. Ça reste de l’amusement !
Avec les KMG’s en tout cas… J’apprécie les chanteurs à texte… Je l’ai
dit tout à l’heure avec Jacques Brel… Il y a des gens qui savent parler de
sujets sérieux, d’autres pas ! Moi, pour le moment, je ne m’en sens
pas capable. Je préfère faire ce que je sais bien... |
C : Vous passez en 24ème position à la
demi-finale. Que pensez-vous de cette place ? |
W : Sur 28, dans le cadre d’un concours, c’est
assez bien ! Je ne sais pas… est-ce qu’après 23 chansons les gens ne
seront pas déjà déconcentrés ! (…) En même temps, la première
chanson (sur 28), on risque un peu de l’oublier par rapport aux
dernières ! Il y a du pour et du contre ! |
(…) |
C : Avant de nous quitter, auriez-vous envie
de dire quelque chose aux fans ? |
W : Le milieu de la musique n’est pas un
milieu facile… et, les fans, sont des gens qui nous aident beaucoup grâce à
leur soutien… C’est un moteur ! |
C : Je vous remercie ! |
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